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☆ La Taulière ☆
13 mai 2014

L'histoire du sevrage de mon petit trésor de 25 mois...

Lorsque j'ai commencé mon allaitement, je m'étais dit que je l'allaiterais six mois, si "tout se passait bien". Le départ a plutôt bien commencé, même si j'étais stressée car je me sentais un peu seul face à un acte qui me semblait être un véritable défi. Comme mon fils est né par césarienne, à la maternité (Lyon Croix-Rousse, pour info), l'équipe, sans dire qu'elle était réticente à mon allaitement, n'était vraiment pas encourageante... Et oui, hein, l'allaitement fatigue, et puis avec une cicatrice, cela risque d'être douloureux, et, aurez-vous assez de lait, parce que sinon, un biberon de complément, ça pourrait vous soulager. Seule face à la mise au sein, seule face aux différentes positions, seule avec mes questions, je n'ai pas ressenti le soutien que j'attendais. Du coup, pour moi, il n'était pas question de laisser mon bébé à la pouponnière et très vite la fusion a eu lieu entre nous. Bien calé contre moi, sécurisé à l'aide de la barrière et de mon coussin d'allaitement, mon fils a pratiqué le cododo dès ses premières heures de vie.

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Ensuite, c'est très vite devenu un véritable acte d'amour. J'ai adoré l'allaité. Je le nourrissais n'importe où, n'importe quand. Il y avait quelques chose d'animal dans mon allaitement, rien ni personne n'aurait pu me dire où et comment l'allaiter. J'étais libre et confiante dans la manière de m'occuper de mon bébé. J'écoutais mon instinct, je faisais exactement comme je voulais. On prenait le train, l'avion, on partait en balade, j'avais l'impression que c'était la meilleure décision que j'avais prise le concernant.

J'entendais parlé de sevrage naturel chez des petits bouts de 14 ou 16 mois. J'imaginais que ce serait la même chose pour nous, qu'il y aurait un jour où mon petit prince ne serait plus intéressé par le sein et où il choisirait de se nourrir autrement. Effectivement, il y a eu des jours où mon bébé demandait très peu le sein, et puis à d'autres moments, il aurait tété en continue, toute la journée. Alors, un peu à contre-coeur, j'ai commencé à me renseigner sur comment sevrer un bambin.

Je savais que l'OMS recommendait de poursuivre l'allaitement pendant 24 mois (en plus d'une alimentation diversifiée), ou plus si la mère et l'enfant le désiraient. J'étais donc dans les clous. Seulement, cet allaitement commençait à me rendre mélancolique. Même si mon bébé me regardait à chaque tétée avec des yeux remplis d'amour, je commençais à ne plus supporter de l'avoir au sein dans des moments où j'aurais voulu faire autre chose. J'ai commencé par réaliser un deal avec lui : plus de tétée en public. Lorsque maman est en promenade, chez des amis, au restaurant, ou en ville, on patiente, on prend un gâteau ou un verre d'eau. Mais plus de tétée. Ce premier arrangement s'est très bien passé. Mon fils semblait avoir compris que je ne souhaitais plus l'allaiter n'importe quand, il a accepté tout ça sans manifester de mécontentement.

Sans titre

 

Ensuite, j'ai commencé a évoqué le faite que nous allions progressivement arrêter l'allaitement. Pour lui, la tétée c'est le dodo. Il appelle mes seins les dodos. Nous nous sommes installés ensemble, je l'ai pris contre moi, et je lui ai expliqué que je souhaitais diminuer et arrêter le dodo. Il m'a regardé, avec ses grand yeux bleus et j'ai lu de l'angoisse dans son regard. J'ai voulu continuer à en parler mais il ne voulait plus discuter, il a souhaité retourner jouer. Ensuite, il m'a régulièrement demandé le sein avec cette petite phrase : "Maman, encore dodo. Dodo, oui. Encore dodo." Je sentais que j'avais créer un malaise, que c'était sa manière à lui de me dire qu'il ne souhaitait pas être sevrer pour le moment. Du coup, un soir, sur la table à langer, je l'ai regardé droit dans les yeux et je lui ai dit : "On va continuer le dodo pour le moment. On arrêtera quand tu seras prêt. Rien ne presse. Prends tout le temps qu'il te faudra." Il a plongé ses jolis yeux dans les miens et il a dit "Ouiiiiiiii maaaaman." Il s'est redressé, m'a prise dans ses bras et m'a couvert de bisous en souriant. Son regard pétillait, il semblait heureux et rassuré.

Malgré tout, j'étais de plus en plus fatigué. Les tétées la nuit me rendaient dingue car je n'arrivais plus à récupérer. J'ai recommencé à chercher des infos sur le net, des témoignages de sevrage, où l'enfant ne souhaite pas être sevré et où tout se passe très bien malgré tout. Avec mon homme, on a décidé ensemble que l'allaiter la nuit, ce n'était vraiment plus possible, même si au départ, c'est vrai, le cododo (de deuxième partie de nuit), nous permettait de bien dormir. On a complètement redécoré la chambre de l'héritier, créer un super univers de petit mec, une chambre de presque grand avec une grande partie jeux. On lui a expliqué que dorénavent, il n'y aurait plus de "dodo" la nuit, qu'il dormirait dans sa jolie chambre et qu'il nous retrouverait le matin. Deuxième étape validée haut la main. Il lui est arrivé de se réveiller la nuit mais jamais il n'a pleuré pour demander le sein. La nuit, c'était réglé.

Pour réaliser le sevrage de jour, il fallait déjà que comme pour nos premières étapes, je sois convaincue du bien fondé de mon choix. Pourquoi est-ce que je voulais le sevrer ? Franchement, pour des raisons qui feraient bondir n'importe quelle maman allaitante... Je ne supportais plus mes gros seins dissymétriques et ma faim constante. Je ne supportais plus qu'il reste au sein pendant des heures le matin parce qu'il avait faim. Je ne supportais plus de ne pas pouvoir me laisser aller à l'alcool le peu de fois qu'il m'était permis de sortir le soir. Je ne supportais plus de dire que je l'allaitais encore sans avoir la conviction de la première année. Je ne supporte plus de ne pas pouvoir porter de vêtements qui ne permettent pas d'allaiter. En faite, cet allaitement n'était plus en phase avec notre relation. J'étais sortie de mon état de fusion, presque malgré moi et il m'était impossible d'y revenir.

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Par ailleurs, ma relation avec le petit prince a beaucoup évolué. J'ai l'impression que c'est moi qui l'attendrit le plus. Souvent, il passe sa petite main dans mes cheveux en me souriant. Il me demande régulièrement si je vais bien, avec un petit sourire plein d'amour. Lorsqu'il joue avec son père, parfois, il s'arrête, me regarde et m'appelle : "Viens, maman." Comme s'il voulait dire : "Maman, ne reste pas dans ton coin, viens jouer avec nous." Nous chantons souvent ensemble, nous nous promenons, il est fière de me montrer ses multiples progrès. Je ne vois plus en lui un bébé, même s'il n'a que deux ans. Je vois un tout petit garçon, mais vraiment un petit garçon. Nous sommes extrêmement proche (comme n'importe quel petit garçon avec sa maman, je suppose), et j'ai l'impression que notre complicité est devenu plus intellectuelle, moins animal. J'ai même parfois l'impression que l'allaitement empêche notre relation d'évoluer...

Alors, il y a deux semaines, j'ai décidé qu'il n'y aurait plus d'allaitement. Juste une tétée le matin, histoire que mes seins s'habituent en douceur à ne plus produire autant de lait. Plus de tétée la journée. Plus de tétée le soir. Plus de tétée pour s'endormir. Les choses se sont très bien passées. Par moment, mon bébé me demande "Dodo, plait" (traduction : une tétée s'il te plait...). Je lui réponds que non, il n'y aurait pas de tétée mais que je peux lui faire un calin ou lui donner un biberon de lait s'il le souhaite. Parfois, il dit oui pour un câlin ou pour un biberon, parfois, il ne veut rien, il retourne jouer. Une seule fois, après la sieste, il a pleuré parce que je ne voulais pas l'allaiter. Je l'ai pris dans mes bras et nous avons chanté doucement. Les choses se sont rapidement apaisées. Je n'ai pas de douleur au niveau des seins, il dégonfle progressivement.

Ce matin, j'ai décidé qu'il n'y aurait pas de tétée à son réveil. Il a réclamé son "dodo" mais rapidement il est passé à autre chose (biberon plus dessin animé = gestion de crise efficace). Mes seins sont un peu lourds mais tout va bien. Je suis un peu nostalgique car je sais que maintenant, il n'y aura pas de retour arrière. J'aurais aimé avoir quelqu'un avec qui partager cela, mais je ne connais pas d'autre maman allaitant un bambin. Ce sentiment ambivalent, entre fierté d'avoir réussi un sevrage sans douleur pour mon bébé et tristesse de passer à autre chose, de dire au revoir à cette merveilleuse relation mère-fils, avec qui la partager ? Qui peut comprendre cela ?

 

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Commentaires
H
Bonjour, <br /> <br /> C'est rare que je laisse des commentaires, mais je me suis tellement reconnue dans la situation. Ma choupinette a presque 3 ans, et je l'allaite encore matin et soir. Ce n'est pas vraiment un choix, je viens de lire sur un autre site: "on ne choisit pas l'allaitement long, on le vit". On va dire que ça s'est fait naturellement. Pour les tétées la nuit, je n'ai pas été aussi résistante, j'ai arrêté à 13 mois, en la "calant" le soir avec une bouillie. J'avais déjà arrêté les tétées la journée vers 1 an. J'envisage donc le sevrage pour les mêmes raisons que les tiennes, et je comprends très bien le sentiment d'être partagée entre la volonté d'arrêter et la nostalgie de ces moments magiques. J'ai connu cela avec mes enfants plus grands (que je n'ai pas allaités aussi longtemps).En tout cas, ça me fait du bien de voir que je ne suis pas la seule à allaiter longtemps, je reviens d'un RDV avec ma gynéco qui voulait me prescrire une mammo (plus de 40 ans...) et qui était complètement sidérée quand je lui ai dit que j'allaitais encore. J'ai vraiment eu l'impression de venir d'une autre planète...Les mentalités ne changent pas vite ! Bon courage à toi
N
Quel soulagement de te lire! Je suis en train de vivre la même chose, de me poser les mêmes questions. L'allaitement de nuit devient trop lourd et épuisant, je ne suis pourtant pas encore prête à arrêter l'allaitement de jour. Mon bambin a 22 mois
F
Votre témoignage m'a beaucoup émue, car depuis 1 semaine, j'ai décidé de commencer le sevrage de ma choupinette de 22 mois. Et ce, pour le même type de raisons qui vous ont poussé à arrêter (et qui ne me font pas bondir, rassurez-vous!). Et aussi, comme vous l'expliquez si bien, parce que je sens que ma petite n'est plus si petite, et que notre relation fusionnelle et "animale" des débuts est en train d'évoluer vers quelque chose de différent, qui n'a plus besoin de l'allaitement pour se développer pleinement. <br /> <br /> Pour le moment, elle tète encore matin et soir mais elle prend facilement le biberon quand je ne suis pas là. Je voudrais commencer par supprimer la tétée du matin, puis progressivement celle du soir... en la remplaçant si elle le souhaite par un biberon, et bien sûr de gros câlins!! Premier test demain matin, je lui ai expliqué depuis plusieurs jours comment ça allait se passer, elle a l'air de comprendre! <br /> <br /> En tout cas, merci pour votre témoignage qui montre qu'un sevrage en douceur peut très bien se passer. Ca me motive à aller de l'avant (et dire aurevoir avec une relative sérénité à ces moments d'intimité si uniques avec mon bébé - qui n'en est plus vraiment un !)
E
Magnifique cela ressemble bcp à mon histoire simplement j'ai du mal à passer le cap du sevrage bébé à presque 24mois tjr pas sevrer nuit chaotique mais qu'es qu on les aimes nos petits bout
A
Bonjour, merci pour votre témoignage, je pense en ce moment au sevrage de mon fils de 21mois.<br /> <br /> Je dois le sevrer pour début septembre car nous voudrions un deuxième enfant et nous sommes obligés de passer par la case FIV. <br /> <br /> J ai peur de ce qu il nous attends car il est très attaché à son néné!! J ai parfois l impression que ce sera mission impossible....<br /> <br /> C est vrai qu on se sent un peu perdu face au sevrage d un bambin, on trouve très peu d infos et de témoignage de maman sur le net.
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